Cher abonné d’HonestReporting Canada, Le 8 novembre, nous avons condamné l’animateur de Radio-Canada Simon Durivage pour avoir délégitimé Israël en établissant une équivalence obscène entre Israël, l’Iran et le Soudan dans son émission politique « Le match des élus ». Nous avions souligné qu’il était inacceptable pour notre radiodiffuseur public de présenter l’État démocratique d’Israël comme un « État voyou » en le comparant avec l’État terroriste iranien et le régime génocidaire du Soudan. Israël, comme nous le savons tous, est un État démocratique aux aspirations pacifiques qui respecte les droits de l’homme et la primauté du droit et qui est la malheureuse victime de terrorisme, de guerres génocidaires et d’incitation à la violence incessante contre sa population civile. L’Iran et le Soudan, par ailleurs, sont des États voyous et des violateurs en série des droits de l’homme qui perpétuent le terrorismemeurtrier et l’incitation à la violence dont Israël même est la victime et qu’il est obligé de combattre avec le reste du monde.
Grâce aux centaines de plaintes envoyées par les membres d’HonestReporting Canada à travers le monde, Radio-Canada a reconnu par écrit que M. Durivage a établi une « comparaison qui n’avait pas sa place » notant que « les exemples de l’Iran et du Soudan n’étaient nullement appropriés »et que M. Durivage « se dit désolé d’avoir pu vous heurter ».
Un grand nombre de nos membres ont reçu la réponse suivante de la Directrice des plaintes et affaires générales de Radio-Canada:
Monsieur/Madame,
Nous avons bien reçu vos commentaires concernant les propos tenus par Simon Durivage dans le cadre de l’émission Le match des élus, du 15 octobre 2010.
La discussion portait alors sur les raisons de l’échec du Canada d’obtenir un poste au Conseil de sécurité des Nations Unies. C’est dans ce contexte que Simon Durivage a souligné, entre autres, le poids des pays arabes dans cette défaite, compte tenu de l’appui particulièrement marqué du Canada à l’égard d’Israël. Il a donné en exemple la décision récente du Canada de représenter Israël au Vénézuela, pays qui a coupé les ponts avec l’État hébreu.
La question de Simon Durivage ne visait pas à blâmer Israël mais à savoir s’il était prudent pour le Canada de se présenter comme son allié inconditionnel. Nul doute que certaines politiques d’Israël concernant la question palestinienne sont controversées et que les Nations Unies ont à maintes reprises adopté des résolutions les condamnant. En étant très proche d’Israël, le Canada ne risquait-il pas de devenir la cible des ennemis d’Israël ? Voilà ce que sous-entendait la question de l’animateur.
M. Durivage a parlé « d’un pays controversé » en référant aux politiques controversées du pays. Jamais il n’a voulu laisser entendre que la légitimité de l’État hébreu était remise en question par les Nations Unies, ni soulever des doutes sur sa démocratie.
En choisissant de transposer sa question avec d’autres exemples, Simon Durivage souhaitait mettre l’accent sur les répercussions pour le Canada de tisser des liens très serrés avec des pays qui ont des politiques controversées. Vous avez raison de souligner cependant que les exemples de l’Iran et du Soudan n’étaient nullement appropriés. Simon Durivage se dit désolé d’avoir pu vous heurter avec cette comparaison qui n’avait pas sa place.
Je vous prie de recevoir mes salutations distinguées.
Martine Lanctôt Directrice, traitement des plaintes et affaires générales Information – Radio-Canada
Bien que nous apprécions le fait que Radio-Canada ait immédiatement entrepris cet examen et que M. Durivage ait présenté ses excuses en privé, si Radio-Canada tient réellement à remédier à cette situation et à maintenir sa crédibilité, notre radiodiffuseur public devrait s’excuser publiquement pour cette transgression journalistique grave dans le même programme où la comparaison inappropriée de M. Durivage a été diffusée à l’origine.
Selon les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada: « Dans le respect des principes d’exactitude, d’intégrité et d’équité, nous n’hésitons pas à corriger une erreur importante lorsque nous avons pu établir qu’elle a été commise. Cela est essentiel pour maintenir notre crédibilité auprès des Canadiens. Lorsque nous devons apporter une mise au point, nous le faisons dans les meilleurs délais, en tenant compte des circonstances et de l’ampleur donnée à la diffusion des éléments erronés. »
HonestReporting Canada a communiqué ses préoccupations à l’Ombudsman de Radio-Canada, Mme Julie Miville-Dechêne, et nous attendons actuellement sa réponse. Nous vous tiendrons au courant des développements. ________________________________________________________